mardi 30 avril 2013


MO St Nazaire/Brière/Presqu’ile
Le dimanche 21 avril 2013, la Mission Ouvrière
 t’invitait à marcher  avec les disciples d’Emmaüs 

En ce dimanche après- midi, le beau soleil de printemps a guidé les pas de plusieurs personnes et enfants jusqu'au Carré Sainte-Anne, où les attendait un petit goûter.
Après ce temps convivial, l’après -midi commence par un chant « sur les route d’Emmaüs »
On se met en route avec les disciples d’Emmaüs en écoutant le texte à 4 voix,  des disciples d’Emmaüs tiré du livre «  Scènes bibliques et chœurs parlés » d’Alain et Marion Combes et en contemplant les images des pèlerins d’Emmaüs d’Arcabas. (voir texte ci-dessous)
Ensuite par petit groupe, chacun est invité à approfondir ce texte et à répondre aux questions. Il y  a 6 questions, chaque groupe réfléchit aux 6 questions mais il n’en remontera qu’une seule.

Pendant ce temps les enfants s’approprient le texte avec Anne-Sophie.
 Après ce temps de réflexion intense, petit temps de pause.
 Nous recommençons en  accueillant ce que les enfants ont fait :
« On a dessiné Emmaüs et Jérusalem, on a fait une église avec sa cloche, on a fait une route. Jésus est avec les 2 copains. » « Jésus est   avec nous » « Jésus est dans notre cœur.»
Ils viennent mettre leur dessin avec la fresque qui accueillera les pas des remontées des groupes.
 Remonter des  groupes :
Ø       1ère question : Regardons l’attitude des disciples 3 jours après la mort de Jésus.  Et nous aujourd’hui quand notre ciel est sombre, quelle est notre attitude ?   (pas gris foncé)
Les disciples ont des attitudes d’homme : Jésus mort c’et le désespoir, même si ils avaient entendu les femmes, ils ne le croyaient pas vivant.                                                                                                                                 Et nous aujourd'hui quand le ciel est sombre quelle est notre attitude ? D'abord tu accuses le coup, après tu as besoin de trouver des amis pour parler, être écouté.                                                                                Attitude de défiance dans le contexte actuel, pas de confiance dans le pouvoir de l’argent qui déshumanise.                                                                                                                                                                  Quand le ciel est sombre ; les gens sont accrochés aux valeurs qui leur tiennent à cœur (contact avec une ancienne militante syndicaliste).
Ø    2ème question : Un inconnu les rejoint sur le chemin et leur permet de s’exprimer.   (pas en pointillé gris clair)                                                                                                                                                       Et nous, avons-nous vécu une ou des rencontres qui nous ont marqué et qui on amené ou permis des échanges qui libèrent. (pas gris clair)
En révision de vie, une personne dit son inquiétude de ne plus avoir de président dans son association. En parler, lui a permis de reprendre confiance.  A une RDV  sur l’espérance, une personne dit : « Je n’ai aucune espérance. » car elle vivait une situation difficile. Les échanges au sein de l’équipe lui ont permis de repartir plus sereine.
Ø   3ème question : l’inconnu leur rappelle l’histoire du peuple de Dieu pour réveiller leur foi.  (pas en pointillé bleu)  Et nous, notre foi est elle alimentée par cette même histoire ? (pas bleu)
Un jeune prof d’histoire reproche à ses parents de ne pas lui avoir appris quelques éléments de l’histoire du peuple de Dieu.                                                                                                                                    Nous aussi nous sentons le besoin de réactualiser sans cesse notre connaissance de l’écriture et l’ approfondissement de cette Parole dans nos vies.                                                                                                    Le fait de nos échanges en équipe permet ce lien entre foi et vie. ça alimente notre punch. 
Ø       4ème question : Les disciples invitent l’inconnu à rester et partager le repas, alors que lui s’apprête à continuer sa route.(pas pointillé bleu clair)                                                                                                          Et nous, sommes nous assez disponible pour accueillir l’autre ? (pas bleu clair)
Ca dépend de nos disponibilités et de notre temps. Mais il faut savoir se rendre disponible.                                    Accueillir un voisin qui vient boire un café, aller voir des amis.                                                                         Avoir l’humilité d’accepter l’aide des autres.                                                                                                 Entraide, partage des soucis dans notre équipe ACO.
Ø 5ème question : Ils le reconnurent au partage du pain.(pas jaune clair)                                                                                                            Et nous, arrivons-nous à reconnaître Jésus dans notre vie et la vie des autres ? (jaune clair)
Nous reconnaissons Jésus dans la transformation de personne qui, grâce à des rencontres, des échanges et le soutien, ont accepté de participer à une vie de mouvement. Le moment de la Révision de Vie est un moment privilégié pour relire dans la foi notre histoire et notre vécu aujourd’hui. Prendre le temps de s’arrêter et de se poser des questions.  Ce n’est pas si simple de reconnaître Jésus dans notre vie. Le repas est un lieu important pour la « rencontre » le « dialogue» et le « partage».
Ø    6ème question : Jésus leur a permis de relire leur histoire de croyants et de témoigner.  (pas Jaune brillant)                                                                                                                                           Et nous, prenons nous le temps et les moyens de relire notre vie à la lumière de la foi et dans témoigner ? (pas jaune brillant)
L’importance d’être dans un mouvement pour s’arrêter et relire.                                                           L’importance des phrases du Missel pour relire l’évangile.                                                                                        Les journées de partage.
Après ce temps de partage riche en paroles, nous continuons notre célébration, car tout ce que nous avons vécu depuis le début de ce temps fort  est célébration.

Nous écoutons le « Je crois en Dieu d’aujourd’hui» de Mgr Marcel Perrier
Je ne crois pas au dieu qui dirigerait tout, tous les évènements, chaque instant de nos vies.                                                   Mais je crois en Dieu qui crée nos libertés, quel que soient nos chemins….
Je ne crois pas au dieu qui pourrait décider de la mort des vivants, fixant le jour et l’heure.                                                                                                      Mais je crois en un Dieu qui fait vivre les morts d’une éternelle vie.
Je ne crois pas en un dieu qui laisserait tomber,  après quelques années, ses enfants dans le néant. Mais je crois en un Dieu, Père toujours fidèle, serviteur de la vie.
Je ne crois pas au dieu derrière les nuages, spectateur lointain de l’histoire des hommes.                                                                 Mais je crois en un Dieu venu en Jésus-Christ partager notre vie.
Je ne crois pas au dieu surveillant pointilleux de tous nos manquements.                                                                                               Mais je crois en un dieu passionné de bonheur, vivant Esprit d’Amour, dynamisant nos cœurs
Puis en se donnant la main nous chantons le Notre Père du Burkina Faso.
Nous terminons ce temps pour la lecture à 2 voix et avec un fond musical du poème de Serge Savoldelli  « Dépaysement »
  Longuement, il l’écouta du regard et du cœur. Un silence léger l’enveloppa.                                                                           Une brise discrète épousa ce silence. Il prit enfin la parole et dit :
Je ne suis pas sans visage, Je ne suis pas sans voix.  Mais pour me percevoir et m’entendre,  Tu devras aiguiser tes sens, Même s’ils ne suffisent pas.
Ta porte je ne forcerai, Ni ma présence ne t’imposerai, Car je suis discrétion.
A la place où tu m’attends, Tu ne me trouveras pas. Là où tu veux, je ne serai pas,                                                                Car je suis surprise.

Tu me trouveras où tu ne m’attends pas,  Au détour du chemin, je peux me présenter, mais ne préjuge de rien. Car je suis étonnement.   

Un bruissement de feuille, Le souffle de l’air, Une inflexion de voix, Peuvent être mes paroles. Mon regard tu trouveras peut- être Dans les traits fulgurants de la lumière. 
  
Pour ceux qui le souhaitait l’après- midi c’est prolongée par un pique- nique convivial
                                                                       Merci pour ce temps partagé,
Anne-Claire

Texte des disciples d’Emmaüs tire du livre « Scènes bibliques et chœurs parlés » d’Alain et Marion Combes



Le texte est lu à 4 voix avec un fond musical.
L’aubergiste : «  Deux disciples de Jésus allaient à un village nommé Emmaüs, à deux heures de marche de Jérusalem. Ils parlaient des derniers évènements.                                                                                              Pendant qu’ils discutaient, Jésus s’approcha, et fit route avec eux. »
·         1ère image : Jésus avec eux
L’aubergiste : « Mais leurs yeux étaient empêchés de le reconnaître. »
Jésus : « De quoi parlez vous qui vous rende si tristes ? »
Cléopas : « Tu viens de Jérusalem et tu ne sais pas ce qui est arrivé ces jours-ci ? »
Jésus : « Qu’est-ce qui est arrivé ? »
Le Pélerin : «  Ce qui est arrivé à Jésus de Nazareth. C’était un grand prophète en paroles et en actes devant Dieu et devant tout le peuple. Les chefs des prêtres et les magistrats l’ont livré pour le faire condamner à mort. On l’a crucifié. »
Cléopas : « Nous espérions que ce serait lui qui délivrerait Israël ; mais avec tout cela, voici le troisième jour que ces choses se sont passées. »
Le pèlerin : « Pourtant, quelques femmes de notre groupe nous ont beaucoup étonnés. Ce matin, elles sont allées au tombeau de Jésus, et elles n’ont pas trouvé son corps. Elles sont venues dire que des anges leur sont apparus, et qu’ils ont annoncé qu’il est vivant. »
Cléopas : «  Quelques-uns de nous sont allés au tombeau, et ils ont trouvé les choses comme les femmes l’avaient dit ; mais lui, ils ne l’ont pas vu. »
 Jésus : «  Seriez-vous sans intelligence ? Comme vous êtes lents à croire tout ce qu’ont dit les prophètes ! Il fallait que le Christ souffre ces choses pour qu’il entre dans sa gloire. »
Le Pèlerin : « Quel prophète a dit cela ? »
Jésus : « Tous les prophètes depuis Moïse l’ont annoncé ! Oui, Moïse en parle quand il dit : «  Vous ne briserez pas un seul os », c’était la première allusion à la façon dont Jésus est mort. »  
Cléopas : « C’est vrai qu’après sa crucifixion on a brisé les jambes des autres suppliciés mais pas les siennes…… »
Jésus :  « Il y a encore Isaïe qui revient plusieurs fois sur tout ce que le Christ devra subir pour son peuple, rappelez-vous : «  de la plante des pieds à la tête, il n’a rien d’intact : blessures, plaies, meurtrissures….. » et aussi :  « il a été méprisé et abandonnée des hommes…. » Il y a encore le prophète Jérémie, et puis Daniel et bien sûr David dans les spaumes : « Même l’ami sur qui je comptais, et qui partageait mon pain, a levé le talon contre moi….. » »  
Le pèlerin : « Cet ami, c’est Judas qui a trahi Jésus. »
Cléopas : « Je n’ai jamais entendu les choses de cette façon. »
Jésus : « Et vous devez savoir que Jésus doit ressusciter, Jonas en a été le signe, quand il est resté trois jours et trois nuits dans le ventre du poisson. Davis l’a annoncé en disant cette phrase : « Tu ne permettras pas que ton fidèle soit détruit. »                                                                                                                      Oui, si son « fidèle » n’est pas détruit c’est qu’il va ressusciter, toutes les écritures témoignent qu’il sera là…. Toujours. Ne vous découragez pas….. 
·         2ème image : Arriver à Emmaüs 
Jésus : « Mais nous voilà à Emmaüs ; je crois que vous devez vous arrêter ici. Moi, je continue ma route. » 
Le pèlerin : « Non, je t’en prie, reste avec nous …. »
Cléopas : « La nuit va tomber, où irais-tu dans le noir ? Reste avec nous.»
L’aubergiste : « Alors Jésus entra, pour rester avec eux. »
·         3ème image : Les disciples et Jésus à table
L’aubergiste : «  Pendant qu’ils étaient à table, Jésus prit le pain ; et, après avoir remercié Dieu, il le partagea, et leur donna. Alors leurs yeux s’ouvrirent, et ils le reconnurent ; mais….il disparut de devant eux.» 
·         4ème image : les disciples sont seuls
Cléopas : « Est ce que notre cœur ne brûlait pas au-dedans de nous, quand il nous parlait sur le chemin…. »
Le pèlerin : « Et cette joie quand il nous expliquait les écritures ? »
·         5ème image : la table vide
L’aubergiste : «  Alors, à l’heure même, ils sont retournés à Jérusalem, ils ont rejoint les onze disciples, et ceux qui étaient avec eux, assemblés… »
Cléopas : « Nous avons vu le Seigneur…. »
Le pèlerin : « Le seigneur est vivant ! »
Cléopas : « Il est vivant ! »
                                                                                     


vendredi 26 avril 2013



CONSEIL  FAMILLE ET SOCIETE                                                      Paris, le mercredi 17 avril 2013

La nécessaire médiatisation des positions sociétales de l’Eglise catholique ne devrait pas faire oublier que cette dernière est également fortement préoccupée depuis longtemps par la
crise socio-économique que subissent tant de nos contemporains. Tandis que se prépare pour
l’ascension 2013 un grand rassemblement à Lourdes « Diaconia », concernant les enjeux de
solidarité, on trouvera ci-après un texte du Conseil Famille et Société à propos des restructurations d’entreprises, titré « Choisir le dialogue social »

Mgr Bernard Podvin
Porte-parole des évêques de France



RESTRUCTURATIONS D’ ENTREPRISES :

CHOISIR LE DIALOGUE SOCIAL

  
En ce printemps 2013, les restructurations d’entreprises semblent s’accélérer et augmenter.Les annonces répétées de suppressions d’emplois ou de licenciements plongent les salariés et leurs familles dans l’expectative et la peur du lendemain. Les plans sociaux éprouvent les travailleurs, les responsables d’entreprise, mais aussi les élus locaux et les habitants des bassins d’emploi et des régions concernés. La révision récente à la baisse des perspectives de croissance pour 2013 laisse présager que les licenciements économiques pour les moyennes et petites entreprises vont encore s’aggraver. Cependant notre réflexion concerne principalement les restructurations pour les grandes entreprises.
L’Eglise par la voix du « Conseil Famille et Société » est déjà intervenue pour manifester son attention aux personnes que cette crise affecte directement, et pour appeler à des changements d’attitude. Ce fut le cas avec le document "Grandir dans la crise" (1). Au-delà des nécessaires décisions politiques pour remédier aux causes de la crise et trouver des issues respectueuses des hommes, des modifications dans les modes de vie s’avèrent indispensables. C’est par ces changements que pourra s’ouvrir la voie à une action politique efficace sur le long terme.
Dans le document précité, les évêques appelaient chaque croyant à un devoir de solidarité et de coopération, à la mesure de ses capacités. Ils invitaient aussi à considérer une perspective de long terme pour surmonter les incohérences entre consommation et emploi, entre développement de nos partenaires et lutte contre le chômage chez nous. Au jour d’hui, il semble nécessaire à l’Église de reprendre la parole pour dire sa solidarité avec ceux et celles qui sont marqués par la crise, et ceux et celles qui, à des degrés divers, exercent des responsabilités pour la conjurer et en corriger les effets négatifs. Pour aller plus loin, nous rappelons quelques éléments qui nous paraissent essentiels pour la recherche de solutions aux graves problèmes évoqués. Nous voulons particulièrement encourager le dialogue social comme une manière habituelle de vivre au sein de l’entreprise avec les changements d’attitude que cela implique.

1. L’entreprise, une communauté humaine de travail
Face aux restructurations dans les entreprises industrielles, agro-alimentaires ou de service et les menaces sur l’emploi, on ne peut oublier que l’entreprise est une communauté humaine. Pour l’enseignement social de l’Église l’entreprise existe comme une communauté humaine de travail où salariés, dirigeants et actionnaires vivent dans une interdépendance. Au titre de cette solidarité, les trois composantes doivent pouvoir chercher ensemble les moyens de servir le bien commun de l’entreprise.

« On doit tendre à faire de l’entreprise une véritable communauté humaine, qui marque profondément de son esprit les relations, les fonctions et les devoirs de chacun de ses membres. » Jean XXIII, Mater et magistra 91
« L’entreprise ne peut être considérée seulement comme une ‘société de capital’ ; elle est en même temps une ‘société de personnes’, dans laquelle entrent de différentes manières et avec des responsabilités spécifiques ceux qui fournissent le capital nécessaire à son activité et
ceux qui y collaborent par le travail. » Jean-Paul II, Centesimus annus 43.
« Les dynamiques économiques internationales actuelles, caractérisées par de graves déviances et des dysfonctionnements, appellent également de profonds changements dans la façon de concevoir l’entreprise. D’anciennes formes de la vie des entreprises disparaissent, tandis que d’autres, prometteuses, se dessinent à l’horizon. Un des risques les plus grands est sans aucun doute que l’entreprise soit presque exclusivement soumise à celui qui investit en elle et que sa valeur sociale finisse ainsi par être amoindrie. En raison de leur expansion et de leur besoin accru en capitaux, il est de plus en plus rare que les entreprises aient à leur
tête un dirigeant stable qui se sente responsable, à long terme et pas seulement à court terme, de la vie et des résultats de l’entreprise. Elles sont aussi de moins en moins liées à un territoire unique. » Benoît XVI Caritas in veritate, 40

Une telle approche permet d’évoquer quelques aspects fondamentaux qu’il est nécessaire de prendre en compte dans la vie des entreprises.

11 Le travail comporte un caractère subjectif humain qui oblige à l’aborder et à l’organiser comme un moyen d’expression de la capacité propre de chaque travailleur à contribuer au développement de la collectivité.

12 La collectivité de travail elle-même revêt une valeur propre. On ne peut en disposer comme d’un simple objet de propriété.

13 Les pouvoirs qu’exercent les actionnaires en raison de leur détention d’actifs au capital d’une entreprise ne sont pas sans limites. Ils ne peuvent, dans une position lointaine ou comme en surplomb, se soustraire au service du bien commun de l’entreprise. Celui-ci doit viser l’harmonie de la communauté humaine de travail qui inclut pérennité de l’emploi et continuité des relations de travail.

14 Les représentants des salariés, désignés ou élus selon le droit en vigueur, ont une responsabilité essentielle, non seulement du point de vue de la défense des intérêts des salariés, mais plus globalement du point de vue de la viabilité durable de l’entreprise. La présente crise, si elle pointe d’abord les risques de suppression d’emplois, ne saurait faire oublier l’importance des procédures et des attitudes qui, en amont, ont pour objet le bien économique et social de l’entreprise.

15 Les dirigeants d’entreprise sont responsables de la mise en oeuvre harmonieuse du bien commun de l’entreprise dans sa dimension économique et sociale. Ils doivent l’assumer en veillant à ce que toutes les composantes de cette communauté de travail aient le droit et exercent le devoir de participer au bien de l’ensemble par le développement du capital humain (2)

16 Les détenteurs de moyens de financement (banques, établissements de crédit ou détenteurs de patrimoines financiers) sont appelés en ce temps de crise à accorder une attention particulière aux solutions qui leur sont présentées par les responsables d’entreprise ou les organisations des salariés, visant autant que possible à préserver l’emploi. En affichant ce souci de l’emploi et leur volonté de préserver des communautés de travail, ils encourageraient les responsables et dirigeants à fournir plus précocement, et donc plus utilement des propositions pour faire face à la crise. Il faut, hélas, constater que par crainte d’avoir à faire face aux attitudes restrictives des prêteurs, les dirigeants de P.M.E. et T.P.M.E. alertent ceux-ci trop tardivement, voire après les délais fixés par le code du commerce en matière d’insolvabilité.

2 Lorsque survient l’inéluctable
La situation de l’entreprise contrainte à la mise en oeuvre de plans sociaux comportant du chômage partiel, des réductions d’effectifs ou des licenciements économiques, est toujours un choc, une souffrance pour les hommes et les femmes concernés directement ou indirectement. Ils peuvent y lire une menace pour l’avenir et un désaveu quant à l’utilité de leur travail.Le « Conseil Famille et Société » invite les responsables des entreprises concernées à reconnaître cette souffrance qui ne peut être effacée par de justes compensations financières et à accorder une priorité stratégique à leur engagement personnel dans les négociations.

21 Lorsqu’il s’avère inéluctable de réduire les effectifs dans un secteur de l’entreprise, ou lorsqu’une petite entreprise envisage de déposer son bilan, le critère de l’emploi est prioritaire dans les règlements applicables par les tribunaux de commerce. Il faut souligner l’importance du rôle des juges et des administrateurs judiciaires auxquels il incombe de préserver la communauté de travail. Leur expérience conjointe à celle des établissements de crédits spécialisés dans le financement de développement des P.M.E. devrait conduire à améliorer les dispositifs de veille et de prévention. En développant de "bonnes pratiques", on protégerait
mieux l’outil de travail que constitue une communauté humaine douée d’une compétence acquise par l’expérience.Malgré tout, l’essentiel pour la pérennisation et le développement de l’emploi se situe, bien en amont, dans la communauté de travail dans l’entreprise, et s’agissant de sous-traitants, dans
celle de son environnement économique élargi.

22 Même si toute négociation comporte une part inévitable d’affrontement et de conflit, le Conseil demande cependant aux responsables et aux actionnaires de prendre la mesure des difficultés et de les assumer au nom d’un intérêt de survie à long terme qu’il leur revient de communiquer, non seulement aux salariés ou à leurs représentants, mais aussi aux collectivités territoriales qui ont la charge des communautés locales où vivent les travailleurs et leur famille.

23 Tenant compte de la richesse que représente pour l’entreprise l’expérience acquise au sein d’une communauté de travail, des besoins et des capacités de mobilité de ses salariés, les reclassements internes au sein d’une même entreprise sont à privilégier.Si la tâche de mettre en oeuvre des réductions d’effectifs ou des licenciements au moyen de reclassement est confiée à des responsables intermédiaires, lorsque les entreprises n’ont pas en interne cette compétence, il importe que ces procédures fassent préalablement l’objet d’une négociation avec les représentants syndicaux ou, le cas échéant, les représentants du personnel
et que ceux-ci soient autant que possible associés à leur mise en oeuvre.

24 Il convient de souligner le rôle essentiel qui revient au préfet pour mobiliser les énergies et ressources disponibles dans un département donné pour prévenir ou atténuer les conséquences de la fermeture d’un établissement.

3. Gérer les situations en vérité et par le dialogue social
« L’Église reconnaît le rôle pertinent du profit comme indicateur du bon fonctionnement de l’entreprise. Cependant, le profit n’est pas le seul indicateur de l’état de l’entreprise. Il peut arriver que les comptes économiques soient satisfaisants et qu’en même temps les hommes qui constituent le patrimoine le plus précieux de l’entreprise soient humiliés et offensés dans leur dignité. Non seulement cela est moralement inadmissible, mais cela ne peut pas ne pas entraîner par la suite des conséquences négatives même pour l’efficacité économique de
l’entreprise... Le profit est un régulateur dans la vie de l’établissement mais il n’en est pas le seul ; il faut y ajouter la prise en compte d’autres facteurs humains et moraux qui, à long terme, sont au moins aussi essentiels pour la vie de l’entreprise. » Jean-Paul II, Centesimus annus 35.

31 Les négociations au moment d’une réduction inévitable des effectifs seront d’autant plus pertinentes et conformes au bien commun recherché pour l’entreprise que l’habitude aura été prise dans la vie courante de celle-ci, d’une information et si possible d’une consultation sur les orientations qui concernent son avenir.
Cela touche à la qualité des relations humaines au sein de l’entreprise sous l’angle de l’aptitude à alimenter un dialogue régulier, particulièrement en vue d’évaluer la viabilité de ses activités, les changements d’ordre professionnel que peut induire la pérennité de son développement. Instaurer une culture de la formation continue ouvrant au dialogue est une responsabilité stratégique des dirigeants d’entreprise et des organisations syndicales.

32 Il faut souligner l’importance de la "Gestion prévisionnelle de l’emploi et des compétences" prévue par le Code du travail. Il est indispensable de faire une évaluation de ces dispositions et des enseignements tirés de leur application. En effet, définir les moyens d’accès effectif à une formation continue est un enjeu prioritaire dans le dialogue social, notamment pour les salariés que leur compétence protège faiblement des changements à prévoir.
Le Conseil « Famille et Société » encourage les responsables d’entreprise et les représentants du personnel à se prêter à des analyses prospectives "à froid" pour faire face à des restructurations que les évolutions technologiques et les tendances du marché rendent vraisemblables. Même s’il s’agit d’exercices difficiles, mettant à l’épreuve la responsabilité des uns et des autres devant leurs mandants, actionnaires et salariés, cette pratique doit être privilégiée pour maintenir le souci à long terme du bien de la communauté de travail. Elle permettrait aussi d’ouvrir davantage la voie aux innovations issues de la recherche et du développement.

33 Les dirigeants d’entreprise doivent avoir, pour mettre en oeuvre une telle pratique de dialogue et de recherche prospective, un vrai souci de la formation des représentants des salariés et lui consacrer les moyens et ressources nécessaires

34 En janvier dernier, un accord social a mis en relief la possibilité d’enrichir le dialogue social par une meilleure prise en compte des réalités vécues par les salariés et par les décideurs lorsqu’il faut faire face à des ruptures ou à des adaptations comportant une mobilité professionnelle. Le Conseil « Famille et Société » espère que la mise en oeuvre pratique de cet accord permettra de renforcer le dialogue social en vue d’une meilleure prise en compte du bien commun et des dispositions préventives qu’il appelle, dans un esprit de justice où les efforts sont proportionnés aux capacités de les assumer.

4  La place de l’État et des collectivités locales dans le dialogue social
« L’activité économique ne peut résoudre tous les problèmes sociaux par la simple extension de la logique marchande. Celle-là doit viser la recherche du bien commun, que la communauté politique d’abord doit aussi prendre en charge. C’est pourquoi il faut avoir présent à l’esprit que séparer l’agir économique, auquel il reviendrait seulement de produire de la richesse, de l’agir politique, à qui il reviendrait de rechercher la justice au moyen de la redistribution, est une cause de graves déséquilibres. » Benoît XVI, Caritas in veritate, 36

41 Au sein des bassins d’emploi de faible dimension, la perte d’une part significative des emplois d’un établissement industriel laisse bien souvent les collectivités territoriales désemparées. Les grandes sociétés sont tentées d’arbitrer à l’échelle mondiale entre différents territoires en fonction de critères qui prennent en compte uniquement le souci de leurs propres intérêts plutôt que ceux des territoires où elles sont implantées. Il serait utile d’évaluer l’efficacité des pratiques correspondantes aux dispositions du Code du travail (art. 2241-2 et 2242-15) qui font obligation aux très grandes entreprises d’informer les responsables des
collectivités territoriales concernées par d’importantes modifications de l’emploi. De plus en plus soucieuses de l’attractivité de leurs territoires, les collectivités locales doivent être considérées comme un partenaire dans l’accomplissement du bien commun. Dans cette perspective, les modalités d’un dialogue régulier où des attentes s’expriment de part et d’autre, sont sans doute à revoir. C’était déjà l’ambition des "Comités de bassins d’emploi" lancés dans les années 70. Elle est toujours d’actualité.

42 Cette période de crise met en relief des capacités d’initiative et d’orientation stratégique des grandes métropoles économiques. Cependant, il faut aussi valoriser le rôle des Conseils de développement qui peuvent être mis en place à l’échelle de bassins d’emploi plus modestes où la situation est souvent difficile pour les habitants. Dans ces bassins peut aussi être développé la pratique de « revitalisation » prévue par le Code de travail (art. 1233-84). Dans ces espaces aussi, le dialogue est nécessaire et utile entre entreprises, partenaires sociaux et représentants des collectivités territoriales qui pourraient échanger leurs attentes mutuelles. Les services de l’État doivent pouvoir susciter un tel dialogue là où il peine à s’installer afin d’anticiper les risques sociaux.

Cette réflexion du Conseil « Famille et Société » s’inscrit dans la perspective d’une « écologie
sociale du travail » (Centesimus annus, 38), où le dialogue social qui recherche le bien
commun de l’entreprise, contribue aussi à celui de la société toute entière.
Nous souhaitons pouvoir éclairer les chrétiens confrontés, au titre de leur situation et de leurs
diverses responsabilités, aux questions et à la gestion des restructurations économiques. Notre
réflexion s’adresse aussi aux hommes et aux femmes de bonne volonté qui, par leurs
responsabilités, sont engagés dans le dialogue social.

 Mgr Jean-Luc Brunin, Président
et le Conseil Famille et Société  de la Conférence des Evêques de France

1 Conférence des évêques de France, Bayard Editions, Fleurus-Mame, Cerf, janvier 2011
2 « Entreprise, les fragiles équilibres du bien commun », Baudouin Roger, Document
Episcopat 12/2012